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La stratégie du nouveau développeur Melvan

Arrivé troisième du dernier appel d’offres solaire en zones non interconnectées avec 12,3 MWc, Melvan démarre fort. Lancé en juillet 2019 par Laurent Albuisson, un ancien cadre de Quadran, le développeur d’énergies renouvelables ne compte pas se cantonner aux îles françaises, malgré leur attrait indéniable. Melvan affiche des ambitions importantes, à la hauteur de l’expérience de ses deux cofondateurs.

500 MW à construire en 2025

Avec ses trois centrales solaires remportées en Guadeloupe, dont deux avec stockage, Melvan tient ses premiers projets. D’autres devraient suivre rapidement : « Nous avons commencé par l’appel d’offres ZNI et nous allons également concourir sur ceux de la métropole », indique Laurent Albuisson, un « historique » des énergies renouvelables passé dans l’ordre par Vergnet, Aérowatt et Quadran. « Je suis tombé dans la marmite étant petit », sourit le dirigeant qui a fait toute sa carrière dans le secteur. Le rachat de Quadran par Direct Energie, puis presque dans la foulée par Total, l’a poussé comme d’autres à prendre le large. Il est accompagné dans son aventure entrepreneuriale par un compagnon de route, Pierre-Yves Barbier, co-fondateur qui a rejoint le navire en avril. Le premier, basé à Orléans, se charge du développement de la moitié nord, le second vivant à Avignon, de la moitié sud de l’Hexagone. Melvan souhaite développer surtout des projets photovoltaïques, au sol, en toitures ou sur ombrières, ainsi qu’un peu d’éolien terrestre. Le développeur est ambitieux puisqu’il se fixe comme objectif 500 MW à construire d’ici 5 ans. En termes de stratégie, il indique vouloir conserver les projets qu’il développe, mais n’écarte évidemment pas la possibilité d’ouvrir le capital de ses sociétés de projets.

Solaire, moutons et fruits de la passion 

Avec Melvan, les deux compères retrouvent ce qu’ils préfèrent : le terrain. « C’est la véritable valeur ajoutée de ce métier : trouver le foncier, définir les projets et les meilleures technologies en fonction des caractéristiques propres à chaque situation », estime Laurent Albuisson. Ce dernier est confiant dans l’avenir : « La PPE a fait la part belle au solaire et malgré la concentration du secteur, il y aura toujours de la place pour* les PME dans un secteur décentralisé et local ». Surtout si ces entreprises jouent le jeu du développement conjoint et de l’innovation. « Le co-développement est au centre de notre modèle, que ce soit avec le public ou le privé. Nos trois premières centrales sont ainsi montées en étroite collaboration avec le propriétaire foncier qui a pris 50% de la société dédiée », explique le chef d’entreprise, qui va également recourir au financement participatif.

L’innovation est également présente dans ces projets guadeloupéens, pas seulement pour le stockage. « François Sizam-Bastareaud, le propriétaire des terrains, tenait à intégrer un volet agropastoralisme. Il avait précédemment tenté d’installer un petit cheptel de brebis, mais ces dernières ont été littéralement décimées par les chiens errants… Grâce aux clôtures protectrices spécifiques qui entoureront les parcs solaires, il va pouvoir implanter un cheptel de moutons qui ira paître d’une parcelle à l’autre pour permettre la repousse de l’herbe. Il tient beaucoup à cet aspect du projet », explique Laurent Albuisson. Visiblement pas à court d’idées, le Guadeloupéen envisage d’inclure un volet agricole avec la production de fruits de la passion. « Ils poussent sur des lianes qui ne montent pas très hauts. On étudie la possibilité de les faire courir sur les clôtures et entre les rangées de panneaux solaires », affirme le co-fondateur de Melvan. De quoi faire saliver les responsables de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) en charge de l’instruction des dossiers de l’appel d’offres ZNI